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L’histoire orale des sciences a déjà ses titres de noblesse. Que le travail d’historien repose en partie sur des témoignages oraux ou des traces de témoignages oraux n’est pas en soi nouveau [1 ; 2] ; en revanche, l’extension de l’histoire orale à l’histoire des sciences date des années 1960. Elle s’est faite en partie sous l’impulsion de l’historien des sciences américain Thomas Kuhn, à l’origine de la constitution des Archives for History of Quantum Physics [3]. Depuis, les instituts menant des programmes d’histoire orale se sont multipliés. On peut citer l’Oral History Research Office à l’université de Columbia, le Regional Oral History Office à Berkeley ou le Center for Contemporary History and Policy de la Chemical Heritage Fundation à Philadelphie. A l’heure actuelle, l’une des collections les plus fournies est sans doute celle de la Niels Bohr Library de l’American Institute of Physics (AIP). L’essor de l’histoire orale témoigne certainement d’une préoccupation croissante pour la signification sociale des sciences, amenant les historiens à se détourner des seules sources « officielles » (hagiographiques, disciplinaires, institutionnelles) de conservation de la mémoire des sciences. Cependant, l’histoire orale des sciences a surtout été pratiquée par des chercheurs nord-américains, et ses collections actuelles concernent majoritairement la recherche menée aux États-Unis [2]. Le site SHO vise à promouvoir cette approche y compris en Europe, et ce afin de mettre en valeur la pluralité des cultures scientifiques et la richesse de leurs interactions.
Des outils de mémoire et des documents pour l’histoire
[1] Thompson, Paul R., 1988, The voice of the past : Oral history, 2nd ed., Opus Books, Oxford.
[2] Dunaway, David K. Baum, Willa K., 1996, Oral history : An interdisciplinary anthology, 2nd ed., AltaMira Press, Walnut Creek.
[3] Thomas S. Kuhn, John L. Heilbron, Paul Forman, Lini Allen, 1967, Sources for History of Quantum Physics. An Inventory and Report, Memoirs of the American Philosophical Society, Philadelphia.
