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L’étude historique des périodes récentes présente par ailleurs des spécificités qui s’ajoutent à celles du médium numérique : absence de « recul » historique et – en contrepartie – plus grande proximité temporelle ; interaction brûlante du passé et du présent, au risque de mélanger les genres (entre sociologie et légitimation sociale, entre politique des sciences et lobbying, ou entre histoire et mémoire). Par ailleurs, certaines tendances propres aux dynamiques actuelles du développement des sciences posent un défi à la constitution d’une mémoire pour l’histoire des sciences : la tendance à l’hyperspécialisation des travaux scientifiques, avérée, par exemple, dans le domaine des nanosciences ; inversement, la constitution d’objets transversaux et génériques qui ne sont plus réductibles aux savoirs disciplinaires qui y gravitent (simulations intégratives, cellules souches, animaux-modèles, biopuces, machines moléculaires, allotropes du carbone, etc.) ; la tendance de plus en plus accusée à l’orientation à court terme des projets scientifiques, qui diminue d’autant la durée de la mémoire collective et la durée de validité des résultats scientifiques ; et enfin, l’orientation prospective voire futuriste de leurs discours de promotion et de vulgarisation, qui rendent difficiles à saisir l’inscription de ces champs de recherche dans des champs scientifiques antérieurs.
Des outils de mémoire et des documents pour l’histoire
